Un bâtiment imposant:
Il se présente aujourd’hui comme un puissant bâtiment de forme quadrangulaire dans lequel on pénètre par un porche ouvert au sud.
Seul le rempart nord ne supporte pas de construction. Un trou assez important percé à sa base permet de mesurer l’épaisseur des murs.
Une immense habitation couvre les trois autre faces. Elle était désservie par l’escalier d’honneur dont le palier surmonte l’entrée vers les caves. Il ne subsite rien des anciennes défenses, créneaux tours, herse qu’il est d’autant plus difficile d’imaginer qu’aucun plan, dessin ou description ne sont parvenus jusqu’à nous.
Un grand portail toujours sur le rempart nord permettait de rejoindre les communs et dépendances protégés par un petit mur baptisé chemin de ronde qui épouse la forme de la roche juste au dessus du précipice creusé par le ruisseau de la Teulière.
Sur cet espace on devine les restes d’une petite chapelle qui posent bien des questions, l’église n’étant qu’ à quelques mètres du château. De quand date t-elle? Etait-elle réservée au seigneur?
Son histoire:
L’histoire du château est très mal connue. Les fouilles archéologiques menées lors de la construction du barrage ont mis en évidence l’existence d’une communauté villageoise installée au bord de l’Agly dès le dixième siècle. La vicomté de Fenouillet, elle, a pris son essor au onzième siècle. C’est sûrement à cette période là, ou un peu plus tard au douzième siècle, que le vicomte a donné en fief à l’un de ses hommes le village du “grand rocher”, Carmany (c’est ainsi qu’on le prononce en occitan et en catalan). En tout cas au début des années 1200, le système féodal est bien en place et le patronyme du seigneur du lieu n’est autre que “de Caramany”. Comme résidence et symbole de son pouvoir, il a érigé sur la partie sommitale du rocher un premier ouvrage fortifié.
Ce premier ouvrage a subi des transformations au cours des siècles, avant d’acquérir la forme que nous lui connaissons aujourd’hui. Au milieu du treizième siècle, les villageois sont montés se réfugier au pied du château et ont construit un rempart autour de leurs habitations, soit de leur propre initiative, soit pour répondre à la demande du roi Louis IX qui avait rattaché le Fenouillèdes à la couronne de France et ordonné de renforcer les défenses des villages proches de la frontière. Rappelons qu’elle passait à Bélesta. Cette mise en sécurité du village a peut-être été aussi l’occasion d’apporter des modifications au château.
Par la suite, les guerres incessantes entre royaume de France et d’Aragon nécessiteront de renforcer les avant-postes que constitent les villages du Fenouillèdes. Dans son livre Châteaux et forteresses du pays cathare, Dominique Deltiens précise qu’ “en 1340, les défenses de Caramany et Latour de France furent renforcées.” D’ailleurs en 1341 le sénéchal de Carcassonne commet comme capitaine à la garde du château le noble Isarn d’Hautpoul accompagné de deux hommes d’armes à cheval et six arbalétriers.
C’est probablement à cette époque que le château a pris sa forme actuelle.
Vendue ou cédée par la famille “de Caramany” qui a pris la décision de suivre son suzerain en pays catalan plutôt que de passer sous la coupe du roi de France, la seigneurie est passée dans les mains de différents propriétaires.
Dans les années 1700, la famille “de Roger de Caramaing” habitait le château qui deviendra par héritage propriété de la famille “de Maulèon-Narbonne de Nébias” . Lorsque la révolution éclate, le château n’est pas habité. En 1792, il est “découpé” et vendu à des chefs de famille de la commune, ce qui explique son aspect actuel.